Après « De Natura Rerum », « Animalité(s) » et « Mythologie[s] », le collectif Photographies Rencontres propose pour l’Orangerie du Parc de la Tête d’Or un sujet inédit : « Fruits et Légumes ».
S’emparer ainsi d’une enseigne commerciale, c’est amusant ; mais pas seulement : le Parc de la Tête d’or n’est certes ni un potager ni un verger, mais assurément un paradis naturel et végétal. Et en ces temps d’inquiétude écologique, attirer le regard sur une nourriture vraie ne peut nuire.
Photographies Rencontres est à la fois un groupe d’auteurs jaloux de leur indépendance et un lieu où les échanges collectifs réguliers inspirent et font progresser chacun. La culture d’image y soutient la création photographique. La peinture nous a légué les figures fantastiques d’Arcimboldo, les natures mortes d’Ingres ou de Cézanne…, subtiles en compositions et lumière. Et l’histoire plus courte de la photographie montre aussi bien les poivrons d’Edward Weston que les oignons et citrons de Denis Brihat, les pastèques d’Irving Penn et les « patates » d’Agnès Varda.
La représentation des fruits et des légumes s’oriente d’abord vers le portrait de ces objets : magnifiés par l’éclairage, découpés, tout frais sortis des jardins ou pourrissants. L’étrangeté de leur aspect interroge : abstractions ou transformation par l’habileté et l’imaginaire du photographe. Ils peuvent devenir des métaphores de l’humain : mélancolie du trognon de poire aux pépins en pleurs, érotisme de la poire aux formes suggestives. Les détourner est un jeu : voici les bananes comme de longues jambes fuselées chaussées d’escarpins, le poireau aux filaments assemblés en couette, des produits aux formes bizarres… ; le surréalisme du fruit et du légume a de l’avenir.
Un deuxième axe de création s’intéresse au parcours de ces objets naturels si indispensables à notre survie. Fruits et Légumes ont-ils aussi une dimension politique ? La photographie a le pouvoir de documenter la production des fruits et légumes, de la plus artificielle sous d’immenses serres de plastique à la plus artisanale, celle des jardiniers comme à Saint Etienne ou d’autres périphéries urbaines, au transport, à la commercialisation – photogénie des marchés. Et pour finir, la cuisine souvent riche de souvenirs et d’émotions : l’enfant qui regarde ou participe, la soupe préparée pour le partage.
Avec ces « Fruits et Légumes » -sujet à la fois banal et saugrenu- Photographies Rencontres va élaborer une vraie gastronomie visuelle. »

 

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